Relisons de mémoire l’histoire de Blanche.

Blanche Neige est la plus belle fille du royaume – dixit le miroir magique – ce qui n’est pas sans provoquer l’énervement de la Reine dont la fortune colossale ne suffit évidemment pas à changer cet état de fait (malgré les dépenses pharaoniques qu’on devine en chirurgie plastique, crèmes de nuit et soins de jour).

Voilà résumés en une phrase les principaux fondements de l’intrigue : l’apparence, attribut sans mérite, est la clef de voûte de l’édifice romanesque qui suscite la jalousie de la Reine – une femme – mais heureusement permet à Blanche Neige d’échapper à un sort tragique. En effet, le chasseur – un homme – touché par la beauté de Blanche, lui laisse la vie sauve et l’abandonne dans la forêt. Sept mineurs de petite taille – des hommes donc – l’accueillent dans leur communauté pour la préserver du danger qui la menace. Non contente des sept hommes, certes petits, mais valeureux et travailleurs, qu’elle a à la maison, Blanche se jette dans les bras du premier prince charmeur venu.

Beau, riche et de bonne famille, présentant bien sur lui, la mèche rebondissante et le menton lisse, ce oisif consacre tout son temps à l’équitation et au terrassage de dragon.

Bien entendu, les deux irresponsables tombent éperdument amoureux l’un de l’autre au premier regard (l’apparence reste le déterminant unique de tout événement dramatique - ie : les chats rencontres sont ici très adaptés) et se promettent un Amour éternel.

La suite n’est que démonstration des qualités athlétiques du prince, qui risquera sa vie pour sa belle (il est vrai que c’est touchant) en terrassant un ou plusieurs dragons (fonction du budget).

Cette période de trouble et de violence laisse alors la place à une nouvelle vie idéale (idéalisée), sans dragon, sans rebondissement, qui se résume à son contenu et à son but en quelques mots : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».